Le Ska-Rocksteady

Publié le par bata002

Aux États-Unis, les Noirs obtiennent le droit de vote en 1960, ce qui n'empêche pas les tensions de s'intensifier car ce droit n'est pas partout respecté.

Au fil du temps, la syncope du boogie basé sur le contretemps s'accentue au point de devenir le temps fort du rythme. Le ska se dégage peu à peu des différents styles, caractérisé par ce rythme syncopé marqué par un temps fort sur les deuxième et quatrième temps de la mesure. Le jeu de guitare correspond au contretemps du R&B et au piano du boogie. Les cuivres sont ajoutés pour les solos de jazz, ainsi qu'une contrebasse très en avant, comme pour le merengue, le calypso et le mento. Souvent, les morceaux joués sont instrumentaux, frénétiques et soutenus. En 1960, le ska se distingue et devient un genre à part entière. Aussi, certains affirment que le mot « ska » est né du son que produit la façon sèche de plaquer des accords sur la guitare, d'autres affirment que ce mot est la declinaison du mot "skavoovee", crié par un pianiste qui a participé à l'emergence du genre.

Prince Buster, décidant de se démarquer des sounds spécialisés dans le R&B, préfère accentuer l'identité purement jamaïquaine de sa musique, tout comme Coxsone. En 1961, les succès, les soundsystems et les producteurs se multiplient, beaucoup se délocalisent au Royaume-Uni. Un an plus tard, Chris Blackwell a l'idée d'y distribuer des disques, où les émigrés peuvent se permettre d'en acheter.

1962 est aussi l'année de l'indépendance de la Jamaïque liée jusqu'alors au Royaume-Uni.

C'est l'indépendance non seulement territoriale, mais aussi musicale, car le ska incarne maintenant l'identité de la nouvelle nation qui ne cesse de danser au rythme des cuivres, l'espoir et l'optimisme sont retrouvés. Coxsone construit un studio d'enregistrement indépendant qui deviendra le mythique Studio One. De 1962 à 1967, la marque britannique Blue Beat d'Emile Shalett publie 600 45 tours produits en Jamaïque par Prince Buster : le ska sera souvent associé, au Royaume-Uni, au nom « blue beat », qui désigne donc une marque et non pas cette musique. Les disques sont le plus souvent pressés dans les usines américaines « Federal Records ».

En 1964, c'est l'explosion avec le premier hit international « My Boy Lolipop » de Millie Small sur le label Island Records de Blackwell. Tournant décisif aussi, la formation des Skatalites ; s'ensuivront des dizaines de reprises des vieilles chansons R&B version ska. La machine ska est désormais lancée et dévaste tout sur son passage. Les rude boys, jeunes voyous jamaïquains des ghettos tombés dans la délinquance et semant la terreur, adoptent un nouveau look caractéristique : treillis militaires, pantalons pattes d'éph, T-shirts décolorés, badges, cheveux longs… En 1965, Duke Reid monte son studio d'enregistrement ; Martin Luther King, pasteur pacifiste, est accueilli à Kingston en grande pompe, ce qui redonne espoir aux habitants, mais n'empêche pas la misère et la violence de s'accroître. Les musiciens appellent souvent, dans leurs lyrics, les rude boys à se calmer et à s'assagir en arrêtant de semer la terreur à tous les coins de rue. La musique devient le seul moyen de se sortir du ghetto. Cette violence et cette hargne se ressentent dans le rythme de plus en plus frénétique du ska, qui redevient soudainement très lent, annonçant ainsi les prémices du rocksteady. On raconte que le rythme s'est mis à ralentir à cause des vagues de chaleur de l'été 1964, les danseurs ne pouvant plus soutenir le rythme effréné de cette musique.
1964-1968 : La transition rocksteady

Le ska est peu à peu supplanté par le rocksteady, jusqu'à ce que ce dernier soit considéré à partir de 1966 comme la soul locale. Prince Buster multiplie les classiques, notamment un duo avec Lee Scratch Perry, Judge Dread (un musicien britannique, Alex Hughes, empruntera son nom, et chantera « Je t'aime moi non plus », de Gainsbourg). Au Royaume-Uni, Chris Blackwell fonde la maison de disques Trojan, spécialisée en musique jamaïcaine.

Au-delà de son rythme plus lent que le ska, le rocksteady offre plus de clavier et plus de chant, mais moins de cuivres et d'instrumentaux. La contrebasse est souvent remplacée par la basse électrique. Cette fois, le temps fort marqué sur le troisième temps. On trouve surtout des trios de rocksteady chantant des chansons d'amour. Le chanteur est bien mis en avant, le musicien est confiné dans les studios et le producteur supervise tout de A à Z.




Publié dans Ska

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